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Orlovka


Compte-rendu : août 2023


    Après avoir constaté la bonne santé de la plantation de baies à Orlovka en automne 2022, et ce, malgré plusieurs années sans soins (pour rappel, le projet à Orlovka était en suspend depuis que j’avais commencé à me rendre à Taïwan en 2015), je suis revenu ce mois d’août 2023 pour faire le point de la situation. Voici ce que j’ai pu observer.


Socialement

    La situation ne s’est pas améliorée. D’Orlovka même, les familles continuent de partir : il reste sept maisons occupées dont une par une grand-mère. On notera cependant l’installation durable de deux personnes venues d’Omsk : toutes les deux développant conjointement l’élevage de brebis pour la viande (c’est dommage). Eux, mis à part, deux familles maintiennent des activités agricoles rémunératrices (production de viande ; là encore), auxquelles on peut rajouter le fils du fermier « historique » (installé depuis la fin de l’URSS) qui essaie de reprendre les activités de son père (céréales et viande de porc).

    Les émigrants sont partis dans les centres de population d’importances proportionnelles à leurs richesses : Xoxlovo à 5 Km pour les plus modestes jusqu’à Moscou pour un couple, en passant par Sargatskoye (chef-lieu départemental) et Omsk, la capitale provinciale.

    A Хохлово, les « Orlovchaniens » vivent chichement : quelques-uns travaillent pour le fermier local, au jour le jour pour tels ou telles retraité(e)s en rendant des petits services ; ils pratiquent également le troc entre eux. Certains perçoivent des prestations sociales (allocations de naissance dans le cadre du programme démographique de l’état, aides aux femmes seules, pensions d’invalidité, …) et ont tendance dans ce cas à ne pas travailler du tout. Les jeunes hommes, enfin, sont largement tentés d’aller servir en Ukraine, comme combattants ou, faute de capacités, ouvriers pour reconstruire le Donbass : « nous rendrons la paix au Donbass » disent les affiches. Leur motivation est ouvertement l’argent et non le patriotisme car la propagande est partout pour leur faire miroiter les primes qu’on ne leur verse pas toujours d’ailleurs, à en juger les commentaires de différentes personnes (dont ceux de mes deux voisines de voyages actuelles, dans le train vers Moscou. L’une se désole en outre que certains villages, déjà victimes de l’exode rural, n’ont plus d’hommes).

Dans ce contexte, de nombreuses personnes sont en quête de travail, tout l’enjeu étant de trouver celles, suffisamment responsables, qui pourront les encadrer.

État des lieux

La situation de la plantation de baies



    Je l’écrivais en introduction : les arbres et arbustes de la plantation vont bien. En particulier ceux qui en constituent l’essentiel, à savoir les Viornes aubiers (Viburnum opulus) et les Chèvrefeuilles bleus, ou « comestibles » (Lonicera caerula), de même que les Aubépines sanguines (Crataegus sanguinae) de la haie. Ces trois variétés sont suffisamment fortes pour se défendre elle-mêmes contre les herbes sauvages tandis que les Cassissiers (Ribes nigrum) et groseilliers à maquereau (Ribes uva-crispa) ont de la peine et se font autant envahir que dépasser en hauteur. J’avais planté ces deux dernières variétés en moindre quantité et à titre expérimental. On pourra rajouter comme difficulté, qu’il n’est pas impossible que le cassis et les groseilles à maquereau sont plus prisées par les habitants locaux, toujours susceptibles de chiper les arbustes comme toute autres choses non gardée.

    Les deux tilleuls et les chèvrefeuilles de Tatarie (Lonicera tatarica), que j’avais plantés pour les abeilles, se portent parfaitement bien.

    Voici un bilan numérique :

Kalina ou Viorne aubier

Jimolost ou Chèvrefeuille bleu

Aubépine sanguine (haie)

173

70

125



État de la maison

    Comme je l’avais mentionné dans d’autres messages, la maison est trop âgée pour y engager des frais importants. Pour la première fois depuis 23 ans, probablement une conséquence de mon absence prolongée ainsi que de la mort du fermier qui y jetait un coup d’œil de temps en temps, les voisins ont volé tout ce qu’ils trouvaient de métallique, dont certaines parties de la chaudière qu’ils ont démontée en partie pour l’occasion.

    Par ailleurs, le toit a commencé à fuir en certains endroits, ce qui a entraîné le pourrissement du plafond en dessous et son écroulement à deux endroits. En principe, cela est réparable. Pour l’heure, je n’ai eu le temps que d’apporter quelques corrections au toit avec les matériaux que je trouvais sur place ; je verrai l’année prochaine à quel prix – modique – on pourrait réaliser les réparations essentielles.

    Je me suis attaché à la ranger et la nettoyer : je tiens à ce qu’elle s’affaisse dignement si cela doit être la cas, eu égard à l’investissement humain qu’elle a abrité durant plus de 20 ans ; eu égard aussi à la pièce de prière qui s’y trouve pour ceux qui s’en souviennent.

    Enfin, il faut signaler que cette bâtisse n’est pas désertée : on m’a signalé qu’une famille de blaireaux avait établi domicile au sous-sol, au moins un temps donné (j’ai préféré ne pas demander si on les avait laissés vivants, connaissant la violence commune des locaux à l’égard des animaux) et j’ai pu constater qu’au moins une chauve-souris vit derrière les volets, ainsi que quelques lézards mélaniques. On peut supposer que campagnols, divers autres rongeurs et potentiellement quelques serpents profitent de l’abri.

       Toute vie est bienvenue dans cette demeure où il a toujours été interdit de tuer qui que ce soit !

    Pour conclure, l’entretien de cette vénérable maison ne doit pas détourner de l’objectif principal qui sera à mon sens, de créer un atelier de transformation des baies.

Ce que j’ai pu faire durant ce mois d’août

    Outre la mise en ordre et les petites réparations de la maison, j’ai passé l’essentiel de mon temps parmi les arbres et arbustes de la plantation.

    Après avoir fauché la forêt d’herbes sauvages, plus hautes qu’un homme, à la faux – ce qui m’a pris quelques jours, j’ai remplacé les quelques Viornes aubiers perdus par des rejetons des plus anciens (bouturage) et installé des protections autour des plus petits arbustes des différentes variétés.

    J’ai également photographié l’ensemble des arbres et arbustes, ce que j’avais déjà fait en 2013, de manière à en fixer visuellement la croissance. Chaque plant est, en effet, référencé dans une base de données depuis cette année-là.

    J’ai enfin rencontré les uns et les autres, ce qui est probablement l’essentiel puisqu’à terme, la plantation est destinée à être protégée et valorisée par des locaux. J’ai d’ailleurs eu le plaisir de constater que de nombreuses personnes me connaissent et me saluent sans que je sache toujours de qui il s’agit. L’enracinement, fruit de toutes ces années de présences, est un élément qui compte.

Prochaines étapes

    De nombreux locaux abandonnés sont disponibles à Xoxlovo : il serait facile d’en obtenir un pour la transformation des baies. Je pense qu’il faudra cependant un local sur le terrain pour en faciliter les premières étapes : stockage pendant la récolte, rangement des outils, etc.

    Pour l’heure, tout l’enjeu est de déterminer comment conditionner les différentes baies et principalement les kalinas (baies des Viornes aubiers en russe) : une baie à l’amertume prononcée et aux vertus thérapeutiques réputées en Russie : il s’agit de tirer parti de l’une et de l’autre après avoir, du reste, confirmé scientifiquement, quelles sont ces vertus.

    L’année qui vient doit être consacrée à cette recherche. La première option qui se présente à l’esprit est de faire sécher les baies et de les emballer (écologiquement) : elle est toujours d’actualité. Je désirerais cependant explorer d’autres solutions plus originales et potentiellement rémunératrices.

    Toutes les idées sont bienvenues et je vous réinvite à manifester vos idées par les moyens que vous voudrez et à parler du projet autour de vous.

Finances et administration de l’association

Administration

    Administrativement, il convient de redéfinir un bureau de l’association et de tenir au moins une assemblée générale cette année. Je fais donc un appel à volontaires pour que nous ayons au moins un ou une Président(e), un ou une secrétaire et un ou une trésorier(e).

    Je propose également de mener une réflexion sur les buts de l’association. Historiquement nous avons mené deux types d’activité : l’une, en France, a consisté à sensibiliser le monde catholique à l’importance chrétienne des enjeux écologiques ; l’autre, en Russie, à développer le projet à Orlovka (aides à la population locale ; volontariat écologique ; protection et connaissance de la faune locale).

    Je pense qu’actuellement, la réflexion écologique est bien lancée au sein de l’Église catholique, depuis la publication de l’encyclique Laudato Si notamment. L’Église (comme la société du reste) fait cependant l’impasse sur les questions d’éthique animale et ce en raison de partis pris théologiques aux racines profondes sur l’anthropologie. Il y a là un champ à travailler, que ce soit dans le monde religieux donc, ou profane (la société en général). Je pense par ailleurs que parmi les problématiques écologiques, dont l’enjeu principale est, rappelons-le, celui du maintien de la vie sur Terre, i.e. d’une biodiversité maximum, il convient de voir comment l’association pourrait participer à la conservation des habitats naturels qui, soit dit en passant, ne sont en rien des « environnements » mais bien plutôt des « milieux » de vie.

    Pour rappel, le projet à Orlovka n’est pas d’abord un projet social mais écologique, la seconde dimension englobant la première. On pourrait en ajouter une troisième plus globale encore : philosophique ou spirituel selon les personnes. Nous prenons position pour l’être ensemble plutôt que pour une acceptation pragmatique de la prédation et la violence et nous tâchons modestement de l’exprimer.

Finances

    Durant les années d’inactivité de la CORE, les finances n’ont pas bougé. En automne et cette fois-ci encore, j’ai assumé moi-même tous les frais, y compris ceux du voyage.

    Il faudra constituer un budget pour l’installation de l’atelier ; nous ne savons pas encore quelle technique de conditionnement nous choisirons mais je pense qu’il faut viser une somme de 10 000 € comme point de départ. Il faudra par ailleurs prévoir un budget pour un véhicule à moyen terme ainsi que pour les transports et le fonctionnement de l’association. Tout cela sera évidemment à discuter en bureau et assemblée générale, ce qui rend la reconstitution de ces derniers d’autant plus importante !

    Quoi qu’il en soit, là aussi, je vous invite à en parler autour de vous et si quelqu’un se sent de lancer un financement participatif, cela sera bienvenu ; nous pourrons en discuter les modalités. Si d’autres connaissent des bourses de fondations, entreprises ou organismes publics, merci de les faire connaître, voir de vous rendre disponible pour leur soumettre le projet.

Communication

    Des informations sur le projet devraient être maintenues à jour sur les blogs et sites de l’association ad minima. Bienvenue aux communiquant(e)s.

Contacts

    Pour me contacter : damien.gangloff@gmx.fr ; +33 6 41 91 75 08 ; whatsapp ; Telegram ; Signal ; Lines. Je n’utilise quasiment plus facebook.



    Au plaisir de nos prochains contacts, demeurons en paix avec toutes les créatures, à commencer par celles qui nous importunes...

                                                                                                                        Damien Gangloff

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